STOP EXCISION : le combat de Jane

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Jane Nkoitai a grandi dans le village de Samai, au Kenya, avec vue sur le Kilimandjaro. Dans sa communauté Massaï, les traditions ancestrales sont profondément ancrées, mais certaines, comme l’excision, menacent la vie et l’avenir des jeunes filles. 

 

Jane a été témoin de la douleur et des conséquences dévastatrices de cette pratique quand sa grande sœur a été excisée. Quand son tour fut venu, malgré le risque de subir la colère de toute sa famille, Jane a pris une décision courageuse : elle s’est enfuie. Elle avait 13 ans. 

« J’ai eu peur quand j’ai réalisé que j’étais la prochaine », se souvient Jane.

Dans sa fuite, elle a trouvé refuge dans une école, où elle a été accueillie et protégée pour poursuivre son éducation. Peu de temps après, elle a rejoint le programme Alternative Rites of Passage (rites alternatifs de passage à l’âge adulte), une initiative menée par Amref Health Africa. Ce programme substitue une cérémonie symbolique, sans coupure, aux rites traditionnels. Cela permet aux familles de formaliser l’acte de passage à l’âge adulte et surtout, il offre aux jeunes filles un moyen de s’épanouir en ne subissant aucune mutilation.

Ce programme est le fruit d’un processus de négociations avec les communautés et de sensibilisation du plus grand nombre, et particulièrement des leaders traditionnels, aux dangers des mutilations génitales féminines (MGF). Il met l’accent sur  l’éducation des filles.

 

Jane est devenue un modèle

Avec les années, Jane est devenue une militante active contre les MGF. Elle a même réussi à convaincre son père d’épargner sa plus jeune sœur, qui était destinée à être la suivante à subir cette pratique.

« La formation a fait de moi une personne forte et courageuse », témoigne Jane. « Avant, je n’étais même pas capable de me tenir devant les gens et de parler de mon histoire, mais pendant la formation, l’enseignant nous a donné l’occasion de parler au moins pour répondre à la question et je suis devenue courageuse. Jusqu’à présent, je peux me tenir devant les gens, enseigner et défendre de telles choses. » 

Aujourd’hui, Jane utilise sa voix pour sensibiliser sa communauté aux dangers de l’excision et des MGF. Elle plaide pour l’éducation des filles et dénonce les mariages précoces.

« Si vous arrêtez les MGF, l’avenir sera meilleur », affirme t’elle. « Les filles pourront réaliser leurs rêves et leur famille sera bien meilleure. » 

Elle est fier du rôle important qu’elle joue pour de nombreuses filles de sa communauté. Elle est devenue un modèle de courage et de persévérance. Pour autant, elle garde en elle des souvenirs tragiques. Celui de sa grande sœur, qu’elle a vu s’évanouir en perdant du sang lors de son excision. Et la profonde tristesse d’avoir perdu son amie d’enfance, décédée lors d’une excision.

« Je me souviens de mon amie, qui est morte dans le processus alors qu’elle était excisée. C’est quelque chose qui reste dans mon cœur, la douleur et une cicatrice que je n’oublierai jamais », pleure-t-elle. 

Jane veut que son histoire inspire d’autres filles. Elle veut que chacune puisse dire « Non » et donner l’exemple dans son village, comme elle l’a fait à son jeune âge. 

 

Lutter pour un meilleur avenir

Depuis la mise en place du programme Alternative Rites of Passage, Amref Health Africa a permis à plus de 20 000 filles d’être sauvées de l’excision au Kenya. D’autres programmes de lutte contre les mutilations génitales féminines sont en cours dans d’autres pays, comme DEVENIR, au Sénégal, qui offre des opportunités de reconversion aux exciseuses et renforce la capacité de plaidoyer des associations locales.

Malgré les progrès, les MGF persistent, affectant des millions de filles chaque année. Les Nations unies estiment que chaque année, en Afrique, 3 millions de filles risquent de subir des mutilations génitales féminines comme l’excision. Cela représente 4 filles chaque minute.

Les défis sont réels, mais Jane et d’autres militantes ne baissent pas les bras. Leur combat est essentiel pour mettre fin à cette pratique et offrir un avenir meilleur aux jeunes filles en Afrique et dans le monde entier. 

« Je profite de l’occasion pour redonner à la communauté pour former les filles, pour parler avec les parents de la communauté, pour assister à des réunions avec les chefs pour faire beaucoup de choses et pour les convaincre qu’ils doivent donner aux filles une chance d’aller à l’école, d’obtenir l’éducation dont elles ont besoin », explique Jane. 

Grâce à des actions de sensibilisation communautaires, où Jane s’exprime maintenant, les décideurs locaux et les hommes ne peuvent plus ignorer l’importance de l’éducation des filles, les dangers des mariages précoces et, surtout, la nécessité de mettre fin aux traditions qui ne respectent pas les droits et la dignité des femmes.

« Donc, si vous arrêtez les MGF, l’avenir sera meilleur. Les filles seront en mesure d’éradiquer la pauvreté ; Elles pourront être bons… Pour être des femmes de substance dans la vie, elles pourront être de bonnes leaders, elles pourront réaliser leurs rêves et leur famille sera bien meilleure. De plus, leur santé sera bien meilleure », conclut Jane. 

 

#STOPEXCISION Soutenez leur combat !

Agissez à nos côtés pour mettre fin à l’excision et aux mutilations génitales féminines. 

Rejoignez la campagne #STOPEXCISION pour signer notre pétition et faire un don. Merci pour votre soutien. 

  

Témoignage recueilli par Wesley Koskei. Photo : Amref Health Africa / Esther Sweeney