Mythe, Tabou et Volupté : rencontre avec Salamata Diallo et Sophie Riffont

Partagez cet article

Danser pour se reconstruire. Pour se libérer lorsque l’on a été victime de l’excision. C’est le chemin courageux qu’a parcouru Salamata Diallo et que son amie, Sophie Riffont a mis en poésie dans ce film tract à l’émouvante chorégraphie. Nous les avons rencontrées et souhaitons partager avec vous ce témoignage. (voir le film en fin d’article)

 

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Salamata : Je m’appelle Salamata Diallo, j’ai 54 ans et suis maman d’un jeune homme de 28 ans. J’habite à l’île de La Réunion depuis 29 ans. Je suis d’origine sénégalaise, de l’éthnie Peule, mais je suis née à Paris. Je suis éducatrice sportive et j’enseigne le Pilates, l’aérial yoga et la danse africaine. J’anime aussi des formations en entreprise dans le domaine du mieux-être.  

Sophie : Je m’appelle Sophie Riffont, je suis née à Bruxelles, et après ma formation à l’Ecole Internationale de Théâtre Lecoq, je suis partie tenter ma chance à Paris, où je réside depuis. Actrice, autrice et réalisatrice, j’aime la création sous toutes ses formes, surtout lorsqu’elle peut servir à défendre les droits humains – et en particulier ceux des femmes et des enfants.  

  

Comment vous êtes-vous rencontrées et comment est née l’idée de faire ce film ?

Sophie : Nous nous sommes rencontrées dans les années 90, par un ami commun, et nous avons tout de suite accroché.    

Salamata : Oui, le feeling est passé immédiatement. Mon histoire a profondément touché Sophie, qui était déjà très sensible à la cause féminine.   

Sophie : L’idée du film est venue très tôt, lorsque Salamata m’a raconté son histoire. Mais il a fallu du temps pour que cela mûrisse et qu’elle se sente prête à témoigner, ce qui demande beaucoup de courage. De mon côté, j’essayais de trouver les moyens de réaliser un long-métrage sur le sujet… Mais en vain. Alors nous avons produit ce petit bijou ensemble.  

 

Pourquoi faire ce film est important pour vous, en lien avec votre histoire personnelle en tant que femme et artiste ?

Salamata  : Ce film est une véritable thérapie, il m’a permis de libérer toute l’angoisse et le traumatisme accumulés depuis mon enfance.  

Sophie : Le témoignage de Salamata a fait écho en moi profondément et j’ai ressenti une sorte de mission, celle de casser les tabous et de libérer la parole des femmes. Au-delà de l’amputation physique, l’excision inflige une grande blessure psychologique aux petites filles. Elle engendre également ce qu’il y a de pire pour une femme et une artiste : l’autocensure et la perte de confiance en soi.  

Salamata : A travers ma performance, j’ai aussi voulu faire en sorte, en utilisant la danse et la parole, que d’autres victimes puissent, comme moi, se réparer et se libérer, et également sur le continent africain, où ce sujet reste encore très tabou.  

 

Mythe, Tabou & Volupté a reçu de nombreux prix et nominations dans des festivals prestigieux. Parlez nous des réactions du public et de ce que ce film permet d’accomplir.

Sophie : Le film a permis de sensibiliser toutes sorte de personnes, âges et sexes confondus, à ce sujet qui peut être perçu comme rébarbatif. La grâce de Salamata, la puissance des propos et la poésie des images, semblent avoir eu un pouvoir cathartique et guérisseur. Pour moi, la projection la plus bouleversante reste celle faite sur les lieux du crime, dans la maison familiale, à Paris, en présence de Salamata et de ses sœurs. 

Salamata  : Ce film me touche profondément, à chaque fois que je le regarde, et je ne peux m’empêcher de pleurer, tellement je le trouve fort, poétique et puissant. Le public le ressent fortement aussi, car il touche le cœur et l’âme et fait écho aux souffrances en chacun d’entre nous…

 

 

#STOPEXCISION Soutenez leur combat !

Agissez à nos côtés pour mettre fin à l’excision et aux mutilations génitales féminines en Afrique.

Rejoignez la campagne #STOPEXCISION pour signer notre pétition et faire un don. Merci pour votre soutien.