La vaccination mondiale est fragilisée par la crise budgétaire

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Le Sommet mondial : « Santé et Prospérité grâce à la vaccination », qui se tenait le 25 juin à Bruxelles, visait à mobiliser le soutien des dirigeants mondiaux envers Gavi, l’Alliance du vaccin. Il se clôture sur un bilan mitigé.

L’évènement, qui marquait le point culminant de la reconstitution des ressources de Gavi, a atteint 75% de sa cible de financement, en ralliant de nouveaux partenaires et grâce au renouvellement du soutien de partenaires historiques, malgré un contexte très compliqué marqué par les coupes dans les budgets de solidarité internationale des grands pays donateurs, dont la France.

 

Des millions d’enfants n’ont jamais été vaccinés

En 2022, l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Unicef rapportaient que plus de 14 millions d’enfants n’avaient jamais été vaccinés, rendus de ce fait vulnérables face à des maladies évitables, majoritairement dans des pays à faible revenu2. L’Alliance doit disposer des moyens nécessaires pour continuer d’améliorer l’accès aux vaccins, y compris les plus récents comme celui contre le HPV, le paludisme et demain peut-être contre la tuberculose pour tous et toutes dans les années à venir.

 

L’impact des coupes budgétaires

Les annonces sont essentielles face à une crise globale des financements mondiaux pour la santé, notamment du fait des attaques des Etats-Unis contre la coopération sanitaire et la science, mais elles ne permettront malheureusement pas d’atteindre les objectifs de Gavi pour 2026-2030, soit la vaccination de 500 millions d’enfants supplémentaires et au moins 8 millions de vies sauvées.

Comme l’a souligné Dr Sania Nishtar, directrice exécutive de Gavi:

« Dans un monde interconnecté, chaque vaccination, où qu’elle ait lieu, constitue un investissement stratégique dans la protection de toutes les populations, partout dans le monde. »

Alors que Gavi est capable de fournir des doses de vaccins au cœur des plus graves crises humanitaires qui sévissent au Soudan ou en Somalie, les coupes budgétaires successives du gouvernement français questionnent sur le maintien d’un engagement réel envers la protection des plus vulnérables.

Ce recul généralisé sur tous les fronts de la solidarité internationale est inquiétant, et altère la position française pionnière en matière d’équité vaccinale : soutien historique de Gavi, cofondateur de Covax, artisan du lancement de l’AVMA (l’Accélérateur de la production des vaccins en Afrique).

Les annonces de la France

Concernant la France, le Ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins Yannick Neuder a annoncé une contribution de 500 millions d’euros pour le prochain cycle de Gavi. Ce montant apparaît comme un effort notable dans le contexte de réduction des dépenses et prouve le souhait de la France de maintenir son engagement en matière de santé.

Ce montant est cependant inférieur aux 760 millions d’euros que la France a versé à Gavi pour la période actuelle. Lors du Sommet pour l’innovation et la souveraineté vaccinales du 20 juin 2024, accueilli par la France, le Président Emmanuel Macron s’était engagé à soutenir Gavi pour le cycle 2026-2030 au moins à hauteur du précédent.

Si la France entend œuvrer pour la sécurité des enfants et un accès équitable à la santé, elle doit se concentrer sur le renforcement de la sécurité sanitaire mondiale en investissant largement dans la prévention des épidémies.

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Voir la note co-signée par Amref Health Africa (France) et des organisations soutenant la campagne « Une Dose de Solidarité »