Lutte contre le paludisme : Sauver des vies et transformer des communautés 

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Chaque jour, le paludisme tue près de 1 600 personnes en Afrique subsaharienne. En cette Journée mondiale de lutte contre le paludisme, nous alertons sur le risque de disparition de l’accès aux mesures éprouvées de lutte contre le paludisme. La menace pèse sur la santé de millions de personnes en Afrique, principalement des enfants.

 

En 2023, l’Afrique comptait 94 % des cas de paludisme et 95 % des décès dus à cette maladie. Les enfants de moins de cinq ans représentaient plus de 75 % des vies perdues.

Le paludisme est particulièrement dangereux pour les femmes enceintes et peut entraîner des accouchements prématurés et des bébés de faible poids. Les enfants qui y survivent peuvent souffrir de séquelles neurologiques à vie.

Le paludisme a aussi un impact économique considérable. Il coûte plus de 12 milliards de dollars par an à l’échelle continentale. Il ralentit la croissance du PIB d’environ 1,3 point de pourcentage par an dans les pays les plus touchés. Les coûts médicaux, l’absentéisme et la baisse de productivité entravent le développement économique.

 

Investir dans les communautés pour éradiquer le paludisme 

Amref Health Africa a démontré que les solutions communautaires sont essentielles pour lutter contre le paludisme. La formation des agents de santé communautaires est clé pour diagnostiquer et traiter le paludisme efficacement. 

Outre la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide, incontournable pour donner à chaque foyer les moyens de se protéger, les campagnes de sensibilisation sont essentielles pour encourager leur utilisation. L’introduction de programmes de traitement préventif intermittent pour les femmes enceintes a également permis de réduire les cas de paludisme chez cette population à haut risque. 

Au Kenya et en Zambie, Amref Health Africa mène le programme Primary Healthcare for Malaria Elimination (Soins de santé primaires pour l’élimination du paludisme), en partenariat avec GSK. Il s’intègre dans les plans nationaux des Ministères de la santé, avec pour objectif d’atteindre une réduction de 50 % des cas de paludisme dans les régions ciblées d’ici 2026. 

Ce programme s’appuie sur des actions qui ont prouvées leur efficacité, à savoir la formation de 1,000 agents de santé communautaire pour améliorer le diagnostic et le traitement du paludisme, la distribution de 500 000 moustiquaires imprégnées d’insecticide pour protéger les populations vulnérables et des campagnes de sensibilisation, qui visent une audience totale de 2 millions de personnes, pour améliorer les pratiques de prévention du paludisme– et ainsi pérenniser les impacts du programme. 

Amref Health Africa utilise une approche intégrée de la lutte contre le paludisme, en l’associant à d’autres actions comme l’amélioration des conditions d’hygiène et d’assainissement, d’accès à l’eau potable, ou de prévention d’autres maladies transmissibles. 

Nous suivons activement les avancées de la recherche vaccinale, notamment l’introduction de deux vaccins soutenus par l’Alliance du vaccin, Gavi, qui pourrait marquer une percée dans la prévention et le contrôle de la maladie. Mais, là encore il est indispensable de soutenir financièrement l’accès à ce type de technologie comme les autres mesures de lutte à échelle locale et globale contre le paludisme. 

 

Des progrès qui risquent d’être effacés 

Depuis 2000, 12,7 millions de décès liés au paludisme ont été évités grâce à des interventions efficaces. Parmi elles, la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide et les traitements préventifs pour les femmes enceintes et les enfants.

Ces progrès sont fragiles. La hausse des températures liée au dérèglement climatique augmente les sites de reproduction des moustiques. Cela favorise la transmission de la maladie. La résistance aux médicaments et aux insecticides est un autre risque majeur. Les crises humanitaires causées par les catastrophes naturelles et les conflits entravent l’accès aux soins essentiels.

Sans la contribution des pays financeurs de l’aide publique au développement, les efforts des dernières décennies risquent d’être vains. Le coup d’arrêt des financements américains début 2025 et les réductions de l’aide publique au développement de gouvernements européens réduisent les capacités de prévention et de traitement.

Les systèmes de santé locaux, déjà sollicités et peu équipés, risquent d’être submergés. Les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes seraient particulièrement affectés. Les conséquences socio-économiques seraient considérables, aggravant la situation des communautés les plus pauvres.

Sans intervention urgente, ces perturbations pourraient entraîner environ 15 millions de cas supplémentaires et 100 000 décès supplémentaires en Afrique en 2025.

Des solutions efficaces existent. Elles reposent sur des services de santé de proximité. Il est essentiel qu’elles restent déployées avec le soutien de financements d’aide publique pour éviter des drames sanitaires à grande échelle.

 

Protéger les acquis et accélérer l’action 

Le paludisme peut être vaincu. La lutte en Afrique subsaharienne a fait des progrès significatifs, mais des défis importants restent à surmonter. 

L’histoire montre que des progrès spectaculaires sont possibles. Ils reposent sur un engagement politique fort, des investissements durables et une approche centrée sur les communautés.

Amref Health Africa joue un rôle essentiel dans cette lutte. Nos interventions ciblées sauvent des millions de vies et améliorent la santé des communautés.

 

Photo : Les agents de santé communautaires du sous-comté de Butula, à Busia, au Kenya, avec leur kit de dépistage (Malaria Rapid Diagnostic Tests, MRDT) et de sensibilisation dans le cadre du projet Primary Healthcare for Malaria Elimination mené par Amref Health Africa en partenariat avec GSK.